Rainneville, Histoire d’un village picard
(Extrait de l’ouvrage de Christian MANABLE)
Situé à 7 km au Nord d’Amiens dans le canton de Villers-Bocage, Rainneville s’étire le long de la route départementale 11 (RD11).
Partie 1 : L’Antiquité et le Moyen-Age
La préhistoire :
La première occupations humaine du terroir de Rainneville remonte à l’époque paléolithique. Rainneville possédait un fragment d’allée couverte au bout de la rue d’Amiens. Des gressiers du village l’exhumèrent en 1834 et débitèrent ces gros grès en pavés pour les rues d’Amiens.
Il a été aussi découvert, au lieu-dit de la Sablonnière, à proximité d’une carrière sise au bord de la route de Pierregot, quinze haches celtiques en bronze, placées en fer à cheval à cinq mètres de profondeur. Elle sont au musée de Picardie. Elles étaient enterrées à côté de plusieurs squelettes humains. Elles constituent un témoignage de la présence humaine sur notre territoire.
L’époque gallo-romaine :
L’actuelle route départementale RD11 traversant le village est une ancienne voie présumée gauloise. Au moment de la conquête romaine (Ier siècle avant J-C), elle servit de moyen de pénétration et de romanisation de la Gaule Belgique.
L’importance de cette voie romaine N°IV, encore appelée le Grand chemin d’Amiens à Arras par Thièvres est attestée par la table de Peutinger (copie médiévale d’une carte des voies militaires de l’Empire romain réalisée par le géographe Antonin au IVe siècle) et par le guide de Charles Estienne de 1553 qui la mentionne également.
Elle s’embranchait à la Voie de l’Océan dans le voisinage de la Citadelle d’Amiens, puis elle se dirigeait en ligne droite sur Rainneville. Son tracé rectiligne a été conservé.
Dans un champ appelé le Fief de Savonnière ou Sablonnière, sur la pente d’une colline qui descend jusqu’à la voie romaine Amiens-Arras, entre Rainneville, Pierregot et Molliens-au-Bois, Dom Grenier trouva en 1757 un four, des poteries gallo-romaines et des urnes cinéraires. L’archéologie aérienne a fait apparaitre les substructures d’une vaste villa dont le plan peu net semble être celui d’une cour à peu près carrée. Il s’agissait d’une manufacture de poterie des Ambiani, peuple celtique originaire de la zone danubienne, installée sur les riches terres bordant de part et d’autre la rivière Somme. Au XVIIIe siècle, on y a trouvé notamment deux amphores conservées au musée de Picardie.
La Toponymie :
L’origine du nom du village est très ancienne. En effet, dans les archives du Chapitre de la Cathédrale d’Amiens, on rencontre cette citation latine : Calceia de Renis Villa vel Calceia Oberti … pour désigner la voie romaine Amiens-Arras passant par Rainneville.
Quelles sont les étymologies possibles ?
- REGINAE VILLA (le domaine de la reine) : en souvenir d’une reine de France qui accoucha en ce lieu qui, pour lors, n’était qu’une ferme, la ferme de Beauvoir. Cette légende est peu crédible.
- RANA VILLA (rana = grenouille) : Cette dénomination est, cependant, incompatible avec la géographie des lieux en l’absence de zones humides à Rainneville.
- RAIN VILLE (le domaine de la forêt) : cette appellation évoquerait le défrichement de notre région par les moines bénédictins de l’abbaye de Corbie, sans doute au cours du VIIe ou VIIIe siècle. Ces religieux fondèrent une grande ferme qui serait à l’origine du village.
- RAGANUS ou RAINUS suivi du suffixe –ING et accolé au latin VILLA (domaine) désigne le nom d’un colon germanique fondateur du village. Cette dernière hypothèse semble la plus vraisemblable.
Orthographe de Rainneville :
RANIVILLA (1090) | REYVILLE (1579) |
REGINAE VILLA | RENVILLE (1579) |
RAINERI (113?) | RENNEVILLE (1651) |
RENISVILLA (1250) | RAINVILLE (1677) |
RAINE VILLE (1300) | REINNEVILLE (1733) |
RAINNEVILLE (1300) | REINNEVILLE ( 1757) |
RAINEVILLE (1301) | RAINNEVILLE (1757) |
RAINEVILLE (1362) | RAINNEVILLE (Depuis 1790) |
Le conseil municipal du 20 Octobre 1861 décida de fixer de façon définitive l’orthographe actuelle suite à une « guerre » avec la Préfecture. En effet, le Préfet souhaitait que le nom du village s’écrive RENNEVILLE.
La ferme de Beauvoir :
De cette ferme, appelée aussi Beauvoir l’Abbaye ou Beauvoir-les-Rainneville, il ne reste aujourd’hui que les traces d’un grand enclos ovalaire et de substructions médiévales décelables grâce à la photographie aérienne. Elle se situait au lieu-dit Les Prés, à gauche du chemin de Rainneville à St-Gratien.
La reine Bathilde, épouse du roi Clovis II, pour satisfaire sa dévotion chrétienne et son désir de voir exploité méthodiquement le domaine royal de Corbie, y fonda un monastère vers 657-661. Ce territoire était immense (23 terroirs dont celui de Rainneville).
La majeure partie de la surface de ce territoire était occupé par la grande forêt de Vicogne (60 kilomètres de long sur 20 kilomètres de large). Au XIIe siècle, le déboisement de cette forêt est intensif. Le plateau de Rainneville fut défriché parmi les premiers. A cette occasion, les moines fondent l’importante ferme de Beauvoir afin de pouvoir exploiter les terres nouvellement conquises sur la forêt. Cette ferme a vraisemblablement donné naissance au village de Rainneville.
En 1220, la ferme de Beauvoir est pillée et brûlée.
En 1565, la ferme de Beauvoir fut aliénée pour subvenir à la taxe imposée par le roi Charles IX au clergé. Elle fut vendue à Louis de Saveuse, seigneur de Coisy, pour la somme de 10 000 livres.
La première moitié du XVIIe siècle fut une période de catastrophes successives pour la ferme de Beauvoir. En effet en 1636, elle est ruinée par l’invasion des Espagnols venus des Pays-Bas et qui se sont emparés de la citadelle de Corbie. Entre 1640 et 1650, elle est totalement et définitivement détruite par les affrontements de la Fronde.
Les souterrains :
L’abbé Messio, curé de Rainneville de 1852 à 1861, dans son ouvrage manuscrit, fait une brève allusion à ce sujet qui enflamma les amateurs du passé : « Renneville possède une caverne considérable profondément taillée sous l’enclos seigneurial (Lieu-dit Le Clos). »
Nous ne disposons d’aucun plan, mais les nombreux témoignages oraux relatant les éboulements passés et dispersés lissent raisonnablement penser qu’il existait un réseau important comparable à veux des villages voisins comme Villers-Bocage, Molliens-au-Bois, Coisy ou Talmas, creusé dans la couche calcaire à une quinzaine de mètres de profondeur.
Depuis 1983, des fouilles ont eu lieu. Par exemple, il a été trouvé un puits comprenant un départ de souterrain (rue de Pierregot). Il s’agit de souterrains-refuges appelés « muches » en picard. Ils servaient d’abri secret à la population villageoise et même aux animaux domestiques en cas de danger grave.
Partie 2 : Ancien Régime et Révolution française
Le village sous l’Ancien régime :
Avant la destruction par les Espagnols en 1636 des maisons et de la vieille église, le village était situé autour du cimetière appelé autrefois l’Atre (le noir séjour). Il était le point central autour duquel se courbaient quelques rues. Pour s’en faire une idée, il faut supprimer du village actuel, les habitations rues d’Amiens, de Pierregot, du Choquet, du Puits, du Stade, des écoliers, derrière le Pré, de Gauville et tout le côté de la rue d’Amour qui s’enclave dans le Clos seigneurial.
Dès le milieu du XVIIe siècle, le village se rapproche de la route. Il s’étale alors le long des rues d’Amiens et de Gauville sur des terrains concédés par le seigneur et les moines Célestins, le long de la rue de Pierregot sur des terrains concédés par la famille Mareuil de Belleville, détentrice d’un fief à Rainneville.
En 1710, la population villageoise n’atteignaient pas le total de 400 âmes. La grande majorité de ces habitants étaient des manouvriers-tisserands. Ils habitaient des chaumières de torchis et ne possédaient qu’un jardin et qu’un ou deux minuscules champs. Leurs cheptel se réduisaient à quelques poules et à quelques brebis.
Pour la justice, le village dépendait de la prévôté de Beauquesne et du baillage d’Amiens ; pour la répartition des impôts de l’élection de Doullens. Rainneville se fournissait au grenier à sel de Corbie jusqu’en 1726, après cette date à celui d’Amiens.
La paroisse, baptisée du vocable de St-Eloi, faisait partie du diocèse d’Amiens. La dîme (impôt en nature sur les récoltés du au clergé) était payée à l’abbaye de Corbie.
Eglises et presbytères :
La première église de Rainneville s’élevait au milieu de l’Atre (cimetière). La date de sa construction n’est pas connue. Le presbytère et son verger bordaient le cimetière respectivement au Sud et à l’Est. Cet ensemble fut détruit par les Espagnols en 1636. Des fouilles successives, menées au début du XIXe siècle, ont permis de découvrir les fondations de ce vieux monument religieux.
Vers le milieu du XVIIe siècle, la famille Mareuil de Belville concède un terrain d’environ 300m² à l’angle des rues de Pierregot et de Villers-Bocage. La deuxième église était orientée Ouest-Est. Le presbytère fut construit au Nord de l’église, sur un petit terrain tout-à-fait contigu. Sur la rue de Pierregot s’élevait la grange des dîmes, à l’extrémité opposée fut bâtie l’habitation, l’espace compris entre les deux bâtisses servit de cour.
La ferme de Beauvoir fut détruite en 1636. Aussi les religieux de Corbie étaient-ils obligés de loger chez l’habitant. En 1751, ils échangèrent un terrain avec Firmin Oger, laboureur. La maison des moines fut donc construite au 18, rue Villers-Bocage.
L’ordre religieux des Célestins reçoit en 1519 une donation de terres à Rainneville (actuelle place, rue du Puits et le côté droit de toute la rue d’Amiens). Mais les abus commis par cet ordre religieux et la faiblesse de leurs effectifs entrainèrent la suppression de leur monastère en 1775.
Le domaine seigneurial :
Encore appelé le Clos, ce domaine, au moment du dernier seigneur de Rainneville, Louis-Alexandre Vaysse, était composé d’une maison seigneuriale, d’un enclos, d’un jardin et de près d’une superficie totale d’environ 3 hectares et demi auxquelles s’ajoutaient environ 60 hectares de terre. Elle était située rue de Villers-Bocage.
Les moulins à vent :
Un plan général des terres de la ferme de Beauvoir établi en 1755 indique l’existence de deux moulins. Le premier, appelé Moulin de Rainneville, était situé au nord du village sur la droite du chemin de Rainneville à Molliens-au-Bois.
Un autre moulin, appelé Moulin de Cardonnette, se dressait juste à la limite des terroirs de Rainneville et de Cardonnette sur la bordure gauche du chemin reliant ces deux communes.
Ces deux moulins rainnevillois ont fonctionné jusque la fin du XIXe siècle.
Vivre et survivre au XVIIIe siècle :
Le chiffre de population de Rainneville est imprécis.
1698 : 400 habitants
1725 : 470 habitants
1772 : 591 habitants
Au XVIIIe siècle, les prénoms le plus courants sont : Jean-Baptiste, Louis, François, Nicolas et Marie, Catherine, Marguerite, Louise et Anne.
Le fils ainé porte très souvent le prénom du père.
A la fin du siècle, la Révolution a donné naissance à une nouvelle mode de prénoms féminins : Honorine, Justine, Clémentine, Joséphine, Rosalie et Adélaïde.
Les seigneurs :
Il convient de distinguer le seigneur ecclésiastique (Abbaye St Pierre de Corbie), le seigneur laïc et les possesseurs de fiefs. Le fief était au Moyen-Âge un ensemble de terres que le seigneur concédait gratuitement à son vassal en échange de sa fidélité. Aux XVIIe et XVIIIe siècle, le mot fief désignait parfois simplement des héritages ruraux ou mêmes roturiers.
Les seigneurs laïcs :
- 1428 : Jeanne de Baillon
- 1513 : Raoul de Lannoy
- 1548 : Louis de Lannoy (petit-fils du précédent)
- 1550 : François de Bertin
- 1597 : Jean de Bray
- Fin du XVIe siècle : Marie de St-Fuscien
- 1683 : La famille d’Acheux de Foucaucourt (dont Louis Gabriel de Caumont)
- 1749 : Honoré de Barjac (colonel attaché au cardinal de Fleury, conseiller-secrétaire du Roi, demeurant à Paris)
- 1765 : Louis-Alexandre Vaysse. Dernier seigneur noble de Rainneville et de Beauvoir l’abbaye. A la Révolution, il est arrêté et maintenu en résidence surveillée.
La Révolution française :
A Rainneville, la Révolution provoque des perturbations essentiellement sur le plan religieux.
Le cahier de doléances de Rainneville contient 15 articles et témoigne d’un loyalisme monarchique ardent et insiste sur la lourdeur et l’inégale répartition des impôts.
Le Dimanche 20 Novembre 1791, l’assemblée des citoyens du village se réunit sous la présidence du sieur Petit, curé constitutionnel du Rainneville pour élire un maire, trois officiers municipaux, un procureur et neuf notables. Le charon Jean-Baptiste Maison est élu maire à la majorité absolue des voix. Mais l’élection est annulée le 8 Mai 1792 pour vice de forme car le serment de la Nation, au Roi et à la constitution du Royaume n’était pas consignée.
La tourmente révolutionnaire souffla aussi sur Rainneville, provoquant une vive opposition entre partisans et adversaires des réformes religieuses. En effet, la Constitution Civile du clergé de 1790 obligeait les curées à prêter serment de fidélité à la Nation, au Roi et à la Constitution ; ce devoir provoque l’éclatement du clergé entre prêtres jureurs et prêtres réfractaires.
Philippe Canaple, curé de Rainneville depuis vingt et un ans, prête ce serment contre ses convictions. Pendant quelques mois, il doit partager la cure avec Petit, prêtre jureur aussi appelé « prêtre intrus » par ses adversaires car favorable aux idées nouvelles. L’abbé Philippe subit des persécutions et partit se cacher en Allemagne.
Son remplaçant, le prêtre réfractaire, Martin, curé de Rainneville de 1793 à 1803, dut pratiquer le culte catholique en cachette pendant quelques temps encore. Rainneville a donné asile a beaucoup de prêtres du clergé séculier et régulier persécutés par la Révolution.
Partie 3 : Du Ier Empire à la Grande Guerre
Le village au XIXe siècle :
Le XIXe siècle est une époque d’apogée démographique pour Rainneville avec presque 1300 habitants vers 1840. L’habitat s’étire le long de sept rues. Ainsi en 1872, le village compte 280 maisons.
La forme du village est déterminée par le mode de groupement des maisons accolées et surtout des granges le long des rues. Ainsi, de part et d’autre de la rue, il y a comme deux sortes de rangée parallèles formées par les granges avec leurs porches, puis les cours de fermes et ensuite, à une vingtaine de mètres en retrait, une seconde rangée formée de l’alignement des maisons d’habitation. Cette structure est caractéristique du village picard. Aujourd’hui, elle est totalement rompue.
« Le château » :
Cette dénomination est attribuée à tort par les Rainnevillois à une belle maison de maître campée au milieu d’un parc rue de Pierregot, construite vraisemblablement dans le courant du XIXe siècle. Il s’agit en fait d’une maison de campagne qui fut la propriété successive de plusieurs riches familles bourgeoises d’Amiens au siècle dernier.
Le ravitaillement en eau :
Les mares publiques servaient d’abreuvoir pour un cheptel nombreux et aussi de réserve d’eau en cas d’incendie. Dix mares, quatre puits communs et des citernes équipaient le village.
1836 – 1936 : un siècle d’histoire démographique :
En 1698, il y a 400 habitants à Rainneville. Mais c’est en 1836, que le village connaît son maximum de population avec 1268 habitants (643 hommes et 625 hommes). Puis le village a perdu progressivement des habitants à cause de l’exode rural et de la Première Guerre mondiale.
Aujourd’hui, le village compte un peu plus de 1000 habitants.
Les activités au XIXe siècle :
Il y avait plusieurs activités dans le village : agriculture (un tiers de la population en 1886), textile, cordonniers, gressiers (exploitant de grès), briquetiers, boulangers, messagers, fonctionnaires et professions libérales
Fêtes, loisirs et coutumes :
La fête locale de Rainneville avait lieu le deuxième dimanche après le 25 Juin. Elle coïncidait avec les courses hippiques d’Amiens d’une part et d’autre part avec une époque où les travaux des champs étaient encore très préoccupants. En 1903, le maire propose de la retarder d’une semaine et de la fixer au deuxième dimanche de Juillet.
Le premier samedi du mois de Mars avait lieu la tradition « ed chés moués ». Les jeunes garçons célibataires entrainés par les plus âgés, le soir venu, allaient choisir et couper des branchages. Ceux-ci étaient ensuite accrochés aux portes ou volets des jeunes filles à marier. Chaque essence végétale avait un sens symbolique, c’était une sorte de langage des fleurs. Le lendemain, le dimanche matin, les jeunes gens étaient invités chez les parents des filles à boire et à prendre une collation. Cette coutume s’est maintenue jusque vers 1947, comme celle du feu de St Jean.
Jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale se sont perpétuées les fêtes de la St-Eloi, de la Ste-Barbe, de la Ste-Catherine et de la St-Nicolas.
En dehors de ces fêtes traditionnelles qui ponctuent le calendrier, rares sont les évènements hors du commun qui rompent la monotonie de la vie villageoise.
Partie 4 : Le XXe siècle
La guerre 1914-1918 :
Durant cette guerre, le village devient un lieu de cantonnement situé à quelques kilomètres à l’arrière des lignes. Plusieurs centaines de soldats occupent alors, pendant des périodes de huit à dix jours, les granges et parfois l’école. Des soldats anglais, canadiens, néo-zélandais, américains et chinois stationnent dans le village.
Le dimanche 10 Janvier 1915 se déroule dans le ciel de Rainneville un combat aérien qui fut raconté dans un numéro de l’Illustration de l’époque. Deux aviateurs français rentrant de reconnaissance aperçurent un avion allemand qui se dirigeait vers Amiens. Ils le poursuivirent et abattirent l’observateur. Le pilote fut gravement blessé et emmené à l’hôpital d’Amiens.
Il y a eu dix huit morts durant la Première Guerre mondiale. Les pertes matérielles concernent principalement des équipements et des bâtiments communaux (école, mairie, mur du cimetière, …).
Un monument aux morts fut élevé à côté du calvaire, rue de Pierregot, en face de l’église en 1920. Il sera transféré sur le parvis de l’église en Mars 1973.
La guerre de 1939-1945 :
Les allemands sont arrivés à Rainneville le 20 Mai 1940 mais le village n’a connu qu’une occupation épisodique durant laquelle les allemands ont réquisitionné l’école, la mairie, le presbytère et l’église dont le haut clocher servait de poste d’observation.
Trois rainnevillois furent concernés par le STO (Service du Travail Obligatoire), mais aucun ne partit car ils se cachèrent dans les fermes. Peu de faits de Résistance sont rapportés dans les archives préfectorales. Un seul habitant a reçu la carte de Combattant Volontaire de la Résistance.
Rainneville a eu un rôle non négligeable à propos du ravitaillement de certains habitants d’Amiens et aussi des troupes d’Occupation. La proximité de la ville permettait aux citadins de venir facilement à vélo se procurer du lait, du beurre, des œufs et autres produits fermiers.
Une seule victime est à déplorer au sein du village. L’église a subi quelques dommages, des carreaux ont été cassés et la toiture a été en partie abimée. L’éclairage électrique public ne fut rétabli qu’en novembre 1946.
Sports, fêtes et loisirs :
- Le ballon au poing :
Les débuts de la pratique du ballon au poing se situent dans les années 1930, mais sont difficiles à dater avec précision faute d’archives. A près plusieurs années d’interruption en raison de querelles intestines et du passage intempestif d’une ligne électrique aérienne sur la place, cette discipline sportive typiquement picarde retrouve une activité grandissante. D’autant qu’au cours de l’été 1971, la commune achète et aménage une parcelle de terrain sur la place publique. Les équipes rainnevilloises s’illustrèrent plusieurs fois aux championnats de France disputés traditionnellement le 15 Août à la Hotoie (Amiens).
- Le football :
En Août 1968, un nouveau rainnevillois, Gérard BOILY émet l’idée de constituer une équipe de football dans le village. En 1970, le club accéda à la 4e division. En 1984, le club, sous la houlette de son président Pierre LOCQUET, gravit les échelons de la hiérarchie départementale du football pour accéder au championnat régional de la Ligue de Picardie. En 2000, le club fusionne avec celui de St Gratien.
- Le volley-ball :
En 1977, des garçons et des filles organisent une section de volley-ball. Au terme de cinq années seulement de compétition départementale, l’équipe masculine gagne son accession au championnat régional de Picardie. L’équipe féminine a suivi le même chemin.
Modernisation et transformation du village :
La période 1919 – 1939 est marquée à Rainneville comme beaucoup de villages picards à la modernisation et la transformation du village et du mode de vie de ses habitants. L’automobile prend une place de plus en plus importante et le maire est obligé de prendre, en 1929, un arrêté municipal réglementant la circulation des voitures et des camions. Cette même année, un service régulier d’autobus dessert le village, les jours pairs (supprimé en 1934). La première pompe à essence est installée par Arthur JUMEL en 1931, rue d’Amiens.
L’éclairage public est prévu dès 1914 mais son installation est retardé avec la Grande Guerre. C’est en 1923, que l’éclairage est installé dans les bâtiments communaux et en 1925, sept lampes assurent l’éclairage public des rues du vilage.
Le projet de distribution d’eau potable dans la commune prend forme en Novembre 1932. En 1935, un terrain est acheté par la commune pour édifier un château d’eau. En 1938 – 1939, l’eau courante à domicile remplace l’eau des six puits encore en activité.
Une seconde période de profonds changements se produit à Rainneville à partir des années 1960. L’explosion démographique s’accompagne d’une modification de l’aspect rural du village et d’une arrivée de la modernité de la deuxième moitié du XXe siècle.
En 1914, la municipalité exprime le souhait d’installer le téléphone dans la commune. Le premier téléphone fonctionne dans le village en avril 1914 (café de la place). Après une très lente extension, la rurbanisation (= urbanisation du monde rural) provoque la multiplication rapide du nombre des abonnés.
En 1971, des bordures de trottoir et des caniveaux bien alignés sur 2,2 km environ redressent le tracé des rues et font perdre définitivement au village picard traditionnel, d’autant que pendant ces mêmes années, les vieilles granges en torchis font place à un habitat pavillonnaire moderne.
En 1983, le conseil municipal décide la construction d’un terrain de football et d’une salle polyvalente.
Annexe : Monuments passés et actuels
- Nouvelle église : construite entre 1860 et 1862 sur les bases de l’ancienne église construite en 1650 et devenue trop petite et vétuste.
- L’école publique du XIXe siècle : le bâtiment rue de Pierregot date de 1863. En 1895, la salle unique fut coupée en deux pour séparer les filles des garçons, suite à la fermeture de l’école des sœurs. Aujourd’hui, cette école est rue du stade et regroupe les écoles de Rainneville, Coisy, Cardonnette et Molliens-au-Bois.
- L’école privée des sœurs : en 1781, l’ordre des moines célestins disparait et l’évêque d’Amiens charge l’hospice St-Charles d’Amiens. Une école de filles est donc créée en 1826. Elle fut fermée entre 1881 et 1885
- Bibliothèques : en novembre 1872, le conseil municipal fonde deux bibliothèques, l’une scolaire, l’autre communale. C’est l’instituteur qui est responsable de ces bibliothèques.
- Les cafés : les cafés sont les lieux privilégiés de la sociabilité villageoise. Avant 1914, le village comptait seize établissements. En général, le débitant exerçait simultanément une activité artisanale.